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samedi 17 novembre 2012

Entretien avec… 

 

Emilie Chauveau, enseignante. Envoyée en mission à Hué.

La professeur de français du lycée Marcellin Berthelot de Châtellerault a participé à un échange sur les pratiques pédagogiques à Hué, au Vietnam. Retour sur une expérience enrichissante.



Silvain Aumon. Pouvez-vous nous définir le cadre de cet échange ?

  « Dans un premier temps, en 2009, nous avons reçu plusieurs professeurs vietnamiens au lycée Berthelot. Ils ont suivi mes cours, également ceux de Mr Romérant, enseignant en « Sciences et vie de la terre ».

Suite à un désistement d’une autre professeure, on m’a ensuite proposé de partir au Vietnam dans le cadre d’une étude sur les pratiques pédagogiques, les différences d’approche des enseignements, cela pouvant éventuellement déboucher par la suite sur un échange d’élèves et d’évaluation des compétences.
Une fois sur place, j’ai assisté aux cours de Mlle Lan, professeur de français, pendant trois jours . Par la suite et durant une même période, nous avons mis en place des réunions entre professeurs de français autour de nos méthodologies. »

Comment avez-vous pu décrypter le système scolaire vietnamien ? Et quelles sont vos impressions sur l’apprentissage de la langue française dans ce pays ?

  « J’ai tout d’abord pris conscience de la mobilité des élèves, du fait que certains pouvaient venir de très loin, ce qui montrait d’évidence une forte motivation. J’ai également été marquée par le déroulement des cours, très didactiques et basés prioritairement sur la grammaire. Il faut dire que la pratique du français parlé dans des classes de quarante élèves semble difficilement réalisable.

Il y a une grande rigueur dans le travail, les élèves arrivent à apprendre quasiment par cœur des cours magistraux. Cela peut cependant constituer un frein car tous les élèves ont besoin de pratique orale, notamment au niveau de la prononciation. On comprendra donc que les débuts soient laborieux mais on ressent aussi une immense volonté de réussir, ceci compensant cela. De son côté, Mr Romerant me faisait remarquer qu’il a assisté à des cours de SVT sans aucun exercice sur le terrain, ce qui, dans cette matière (svt) peut être parfois très pénalisant ».

Concernant les cours, avez-vous remarqué des différences entre ce qui se déroule en France et au Vietnam ?

« Le système est très similaire. La formation des professeurs est semblable à celle suivie en France. L’encadrement est le même, on retrouve une vie scolaire, un surveillant général, un proviseur …
Les élèves vietnamiens sont très disciplinés, très studieux. Ils passent leur temps à étudier et lire. Ils font preuve d’une grande qualité mémorielle qu’on ne retrouve pas toujours à ce niveau en France.
Au Vietnam, les cours ont lieu soit le matin soit l’après-midi, les effectifs ne permettant pas d’assurer la journée complète pour tous. Au total, j’ai été vraiment impressionnée par le silence qui règne un peu partout. On entend clairement les cours et cela offre une grande qualité d’écoute et compréhension ».

« Hugo, Marguerite Duras, Marc Lévi… et le football ! »

 

Et la culture française ? Lui offre-t-on encore une vraie place ?

« Elle est omniprésente au travers les classiques, Hugo par exemple, mais c’est aussi Marguerite Duras et des auteurs plus récents comme Marc Lévi… La chanson française à texte est également appréciée par les élèves… Je dois même avouer que je ne connaissais pas tous les interprètes qu’ils me citaient … Pour le reste, la France c’est aussi le pays du football. Et il y a là certainement un formidable moyen d’ouvrir le dialogue ».

Que retenez-vous de cette expérience ?

« J’ai vraiment apprécié ce moment unique. La vie est complétement différente, le climat l’est également. Il fait chaud (plus de 30 degrés !). Au quotidien, on découvre qu’il existe un véritable cérémonial autour de la nourriture. Les rythmes diffèrent aussi, les Vietnamiens se couchent très tard, se lèvent très tôt et sont amateurs de sieste. ».

Et maintenant ?

« Après ces échanges passionnants, il serait intéressant de créer de nouveaux liens, essayer de répondre au mieux aux attentes des Vietnamiens, se fixer des objectifs précis. Peut-être devrons-nous retourner sur place ou faire en sorte que des collègues prennent la suite ? Quoiqu’il en soit et malgré qu’il n’y ait pas eu de réponses à nos courriels, nous espérons que cette expérience riche ne constitue qu’une première étape avant d’autres.» 

Propos recueillis par Silvain Aumon

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