Entretien avec…
Emilie Chauveau, enseignante. Envoyée en mission à Hué.
La professeur de français du lycée Marcellin Berthelot de Châtellerault a participé à un échange sur les pratiques pédagogiques à Hué, au Vietnam. Retour sur une expérience enrichissante.
Silvain Aumon. Pouvez-vous nous définir le cadre de cet échange ?
« Dans un premier temps, en 2009, nous avons reçu plusieurs professeurs vietnamiens au lycée Berthelot. Ils ont suivi mes cours, également ceux de Mr Romérant, enseignant en « Sciences et vie de la terre ».
Suite à un désistement
d’une autre professeure, on m’a ensuite proposé de partir au
Vietnam dans le cadre d’une étude sur les pratiques pédagogiques,
les différences d’approche des enseignements, cela pouvant
éventuellement déboucher par la suite sur un échange d’élèves
et d’évaluation des compétences.
Une fois sur place, j’ai
assisté aux cours de Mlle Lan, professeur de français, pendant
trois jours . Par la suite et durant une même période, nous
avons mis en place des réunions entre professeurs de français
autour de nos méthodologies. »
Comment avez-vous pu décrypter le système scolaire vietnamien ? Et quelles sont vos impressions sur l’apprentissage de la langue française dans ce pays ?
« J’ai tout d’abord pris conscience de la mobilité des élèves, du fait que certains pouvaient venir de très loin, ce qui montrait d’évidence une forte motivation. J’ai également été marquée par le déroulement des cours, très didactiques et basés prioritairement sur la grammaire. Il faut dire que la pratique du français parlé dans des classes de quarante élèves semble difficilement réalisable.
Il y a une grande rigueur
dans le travail, les élèves arrivent à apprendre quasiment par
cœur des cours magistraux. Cela peut cependant constituer un frein
car tous les élèves ont besoin de pratique orale, notamment au
niveau de la prononciation. On comprendra donc que les débuts
soient laborieux mais on ressent aussi une immense volonté de
réussir, ceci compensant cela. De son côté, Mr Romerant me faisait
remarquer qu’il a assisté à des cours de SVT sans aucun exercice
sur le terrain, ce qui, dans cette matière (svt) peut être parfois
très pénalisant ».
Concernant les cours, avez-vous remarqué des différences entre ce qui se déroule en France et au Vietnam ?
« Le système est
très similaire. La formation des professeurs est semblable à celle
suivie en France. L’encadrement est le même, on retrouve une vie
scolaire, un surveillant général, un proviseur …
Les élèves vietnamiens
sont très disciplinés, très studieux. Ils passent leur temps à
étudier et lire. Ils font preuve d’une grande qualité mémorielle
qu’on ne retrouve pas toujours à ce niveau en France.
Au Vietnam, les cours ont
lieu soit le matin soit l’après-midi, les effectifs ne permettant
pas d’assurer la journée complète pour tous. Au total, j’ai
été vraiment impressionnée par le silence qui règne un peu
partout. On entend clairement les cours et cela offre une grande
qualité d’écoute et compréhension ».
« Hugo, Marguerite Duras, Marc Lévi… et le football ! »
Et la culture française ? Lui offre-t-on encore une vraie place ?
« Elle est
omniprésente au travers les classiques, Hugo par exemple, mais c’est
aussi Marguerite Duras et des auteurs plus récents comme Marc Lévi…
La chanson française à texte est également appréciée par les
élèves… Je dois même avouer que je ne connaissais pas tous les
interprètes qu’ils me citaient … Pour le reste, la France c’est
aussi le pays du football. Et il y a là certainement un formidable
moyen d’ouvrir le dialogue ».
Que retenez-vous de cette expérience ?
« J’ai vraiment
apprécié ce moment unique. La vie est complétement différente, le
climat l’est également. Il fait chaud (plus de 30 degrés !).
Au quotidien, on découvre qu’il existe un véritable cérémonial
autour de la nourriture. Les rythmes diffèrent aussi, les
Vietnamiens se couchent très tard, se lèvent très tôt et sont
amateurs de sieste. ».
Et maintenant ?
« Après ces
échanges passionnants, il serait intéressant de créer de nouveaux
liens, essayer de répondre au mieux aux attentes des Vietnamiens, se
fixer des objectifs précis. Peut-être devrons-nous retourner sur
place ou faire en sorte que des collègues prennent la suite ?
Quoiqu’il en soit et malgré qu’il n’y ait pas eu de réponses
à nos courriels, nous espérons que cette expérience riche ne
constitue qu’une première étape avant d’autres.»
Propos recueillis par
Silvain Aumon
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